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ArteHistoire

Compte-rendu: Christiane Zivie-Coche, Dieux et Hommes en Egypte 3'000 av. J.-C. – 395 ap. J.-C.

4 Septembre 2013 , Rédigé par Célimène Bonjour Publié dans #Egyptologie

Egyptologie : Dieux et Hommes en Egypte

3'000 av. J.-C. – 395 apr. J.-C.

IIème Partie : L’Univers religieux

Compte-rendu: Christiane Zivie-Coche, Dieux et Hommes en Egypte 3'000 av. J.-C. – 395 ap. J.-C.

Lorsque l’univers religieux égyptien, si fort et si ancré dans l’esprit des habitants, se heurte aux puissantes cultures de l’Antiquité, cela donne des étincelles. Dans cette deuxième partie du quatrième livre écrit par Christiane Zivie-Coche, docteur en Lettres, l’on découvre une nouvelle Egypte. Une Egypte qui conserve, avec toute sa force et son charme, ses valeurs traditionnelles. L’auteur se concentre sur la période gréco-romaine, très particulière, qui mérite toute son attention et nous transporte dans cet univers si solide et si fragile à la fois. Elle retrace les différentes cultures qui se succèdent en Egypte, analyse les réactions face à ces dominations et la manière dont elle rejette ou assimile ces notions religieuses étrangères.

Dans le premier chapitre, Christine Zivie-Coche aborde le sujet de la vitalité de la religion traditionnelle. Entre le IIIème siècle av. J.-C. et le IIème siècle ap. J.-C., la construction de grands sanctuaires de dieux fondamentaux montre que l’importance religieuse traditionnelle en Egypte n’a pas faibli au fil des ans, même sous la suprématie grecque puis romaine. Ces temples, plus proches de nous que ceux construits dans les périodes précédentes, sont mieux conservés et nous permettent de mieux connaître les décorations et l’architecture. En effet, depuis le IVème jusqu’au milieu du IIIème siècle av. J.-C., même sous la domination étrangère, les empereurs et les rois ont tenu à garder la religion égyptienne telle qu’elle existait depuis toujours.

Il existe en Egypte des milliers de temples. Cependant, certains possèdent une plus grande renommée comme les temples de Dendera, Esna, Edfou, Kom Ombo et Philae. Ils sont tous consacrés à des dieux différents, mais on retrouve des similitudes entre ces temples, tel que les textes liturgiques, mythologiques, des fêtes commémoratives, certes spécifiques, mais qui se célèbrent partout. Même si la grande majorité des temples n’ont ni le même gabarit, ni les mêmes propriétés architecturales, on en trouve dans toutes les zones rurales dépendantes des cités. Les papyrus grecs nous donnent beaucoup d’informations sur la diversité et l’étendue de ces temples gréco-égyptiens dans toute l’Egypte tardive.

Pendant cinq siècles, le développement des temples montre un vif intérêt religieux et un redoublement de l’intensité de la religion égyptienne. Le monde religieux est l’essentiel possesseur du savoir, car l’une des nombreuses activités dans le milieu sacerdotal est la copie de textes anciens A partir du IVème siècle, d’autres emplacements, comme la bibliothèque, le musée et les institutions d’Alexandrie et des écoles conservent aussi des écrits de tous types. Sous la domination grecque, les Egyptiens se rattachent à leurs traditions et principalement dans le domaine religieux, sans grands brassages culturels. Cet attachement grandissant suppose une réaction défensive face à ces dominations qui réduisent l’Egypte à une simple « province romaine ». Ainsi, l’on se réfugie dans les temples pour exercer son activité sans être dérangé. Sans s’en rendre compte, les prêtres gardent un équilibre divin en continuant à pratiquer les rituels dans l’Egypte gréco-romaine, ce qui permit la conservation de toute la culture égyptienne.

Même si l’Egypte reste polythéiste jusqu’à l’arrivée du Christianisme, Osiris et Isis sont adorés à travers tout le territoire. Hérodote mentionne déjà, au milieu du Vème siècle, une présence globale de « grands dieux » qui possèdent de vastes sanctuaires. Osiris et Isis peuvent englober l’intégralité des pouvoirs des autres dieux. La déesse Isis est connue dès l’Ancien Empire dans le Delta en tant que déesse locale. Dès le Ier siècle av. J.-C. son culte commence à se répandre à travers le « culte Osirien », sur tout le territoire égyptien, mais aussi dans tout le bassin méditerranéen. Dès la fin du IVème siècle, Isis devient une déesse commune, qui incarne toute la religion égyptienne. Beaucoup de sanctuaires à son effigie fleurissent dès l’époque ptolémaïque. Elle représente la « mère divine » par excellence. Osiris est rapidement lié à la fonction royale. C’est un dieu qui est lié à la mort et à la renaissance. De plus, plusieurs villes prétendent posséder une partie de son corps. Une fête importante, « la fête de Choiak » lui est consacrée dès le IVème siècle av. J.-C. Elle relate les événements de sa mort et de sa régénération.

Compte-rendu: Christiane Zivie-Coche, Dieux et Hommes en Egypte 3'000 av. J.-C. – 395 ap. J.-C.

Le deuxième chapitre aborde les divinités et cultes des nouveaux habitants d’Egypte. Même avant l’arrivée d’Alexandre le Grand et la domination, certains cultes grecs sont déjà pratiqués dans le nord du Delta, qui voit s’installer des soldats et marchands grecs qui y diffusent leurs cultes. En effet, les Egyptiens pouvaient probablement y participer et inversement, même s’il semblerait qu’ils soient plus attachés à leurs traditions. Néanmoins, certaines représentations égyptiennes portent des influences grecques. Sous la domination romaine, quelques cultes romains font surface, mais la situation générale ne change pas. Il semblerait cependant que le contact entre dieux romains et dieux égyptiens soit plus rare, peut être par le fait que les Romains sont sensiblement moins nombreux que les Grecs.

Depuis l’époque pharaonique, les rois sont considérés comme des dieux terrestres, des hommes suprêmes. Les rois Grecs d’Egypte, notamment les Lagides, portent également une grande importance aux « rois divinisés », dès le IIIème siècle, en introduisant des fêtes. Cette nouvelle perception du roi vient de l’influence égyptienne, car les grecs ont tendance à séparer le monde des dieux et le monde des Hommes. Le culte royal grec est fait par des prêtres et prêtresses. Ces responsabilités sont généralement héréditaires. Un prêtre peut exercer une autre fonction, en même temps. Le culte au roi se fait à sa mort et/ou de son vivant. Il est difficile de savoir comment se déroulait le culte, même si l’on pense qu’il devait y avoir des sacrifices. Le culte royal est une bonne méthode pour influencer les Grecs. Il évoque un sentiment de rassemblement et permet de justifier le pouvoir du roi. Ce culte grec n’est pas accessible aux Egyptiens. Cependant, dans les temples égyptiens, des images du souverain grec étaient placées, pour qu’ils lui adressent un culte. Dès la conquête romaine, le culte royal est remplacé par le culte impérial qui conserve quelques similitudes avec le précédent. L’empereur est toujours vu comme le garant d’un pouvoir continu et un personnage sacré. Cependant, il semble moins impliqué dans le culte impérial. En effet, l’ordre du culte est pris en charge par les autorités municipales ou par de simples citoyens, limitant la responsabilité du clergé. Contrairement aux Grecs, les Romains ne cherchent pas à « s’intégrer » et à comprendre la culture égyptienne, mais tentent d’exercer leur pourvoir.

Dès le IIIème s. ap. J.-C., l’infiltration d’un certain nombre de Juifs en Egypte s’accroît petit à petit. Ce serait lors de la prise de Juda et de la conquête de la ville de Jérusalem par les Babyloniens qu’une partie de la communauté juive se serait installée dans toute l’Egypte et plus précisément dans le Delta. Certains textes égyptiens datant du IVème siècle attestent de la présence de soldats juifs en Egypte. Même s’ils conservent leurs traditions religieuses, leur langue et leurs noms deviennent grecs. La croyance juive en Egypte se rapproche plutôt du syncrétisme. Au IIIème siècle av. J.-C., les textes religieux juifs sont traduits en grec, ce qui leur permet de toucher une plus grande partie de la population païenne. On voit apparaître un nouveau genre de personnes appelées « prosélytes », qui peuvent se joindre aux pratiques religieuses juives. Certains documents mentionnent même des mariages mixtes (juifs et païens), afin de les solliciter à la religion juive. Dès lors, une littérature juive hellénisée se crée. Cependant, même si la culture juive s’est bien intégrée, on remarque d’autre part une rivalité entre Grecs et Juifs, ce qui pourrait être à l’origine d’un antisémitisme primitif de la part des Grecs, des Egyptiens, et plus particulièrement des Romains. Effectivement, c’est sous la domination romaine que la situation en Egypte est la plus délicate. Des conflits d’ordre religieux, politiques et sociaux amènent à de fortes confrontations. La position des Juifs se dégrade dans l’Egypte romaine, puisque les Juifs alexandrins se retrouvent privés de leur « citoyenneté ». En 117 ap. J.-C., les Juifs d’Egypte ont presque tous disparus. Ainsi, pendant près de quatre siècles, les Juifs sont arrivés en Egypte et se sont intégrés à la culture grecque tout en conservant certaines vertus et coutumes religieuses. Ils construisent une relation avec les païens, même si les Juifs n’ont pas souvent été bien vus en Egypte, ce qui provoque des luttes et parfois même des expulsions.

Après la venue des Juifs, c’est au tour des chrétiens de venir s’installer sur le territoire égyptien. Il est pourtant très difficile de cerner avec précision le début du christianisme en Egypte, car les premiers millénaires sont vides d’informations. À la fin du IIème siècle, la présence chrétienne ne cesse d’augmenter, mais il faudra patienter jusqu’au IVème siècle pour voir une église chrétienne. Cependant, ce christianisme primitif diffère un peu de l’actuel, car l’orthodoxie n’est pas encore établie. Dès 350 ap. J.-C., l’orthodoxie romaine se dégage, sûrement grâce à sa bonne structure et donne naissance à la croyance reconnue de l’Eglise. C’est là que les Chrétiens débutent leurs combats contre les non-croyants. Voilà pourquoi il nous reste aujourd’hui si peu de documents du christianisme primitif, qui ont été supprimés intentionnellement. Puis, au Vème siècle la doctrine d’Arius, un prêtre de l’Eglise d’Alexandrie créée un conflit au sein de l’Eglise. Au cours de ce siècle, se créerons deux camps: les pro-ariens et les anti-ariens. D’autres conflits éclatent à cette période. Les Chrétiens d’Egypte exercent aussi ce qu’on appelle « le monachisme ». Il s’agit d’un procédé par lequel un fidèle se retire dans un endroit isolé, pour se purifier et se rapprocher du dieu. A partir de ce mouvement, l’on constate le développement de monastères qui fleurissent aux cours des siècles dans toute l’Egypte.

Le troisième chapitre se focalise sur le début des conflits. Si la religion égyptienne conserve ses traditions, même sous la domination, elle ne reste pas imperméable aux cultures présentes. En effet, même si elles sont différentes, on remarque à l’époque d’Hérodote que tous les domaines égyptiens assimilent quelques notions grecques et inversement. Cela s’explique par l’apprentissage du grec, par beaucoup d’Egyptiens. On retrouve spécialement des hymnes égyptiens rédigés en grec. Petit à petit, la pensée théologique s’ouvre et assimile les dieux grecs aux dieux égyptiens. L’une des transformations concerne Isis, qui rencontrera très vite un vif succès auprès des Grecs et ailleurs, mais elle sera aussi « hellénisée » et réinterprétée. La question est de savoir si ces modifications sont attribuées aux Hellénistes ou aux Egyptiens. Il semblerait que les figures égyptiennes hellénisées aient beaucoup de succès sur tout le territoire égyptien. Seule une partie du peuple égyptien, seulement dans l’Égypte impériale, approuve ces nouvelles représentations.

La cohabitation des cultures et des religions différentes en Egypte ne semble pas, au premier abord, poser de problèmes. La religion égyptienne protège à la fois ses traditions, tout en gardant une liberté d’ouverture aux autres religions. Elle en vient même à assimiler quelques dieux étrangers (Grecs, Perses, Asiatiques…etc.).

Les dieux sont représentés sous plusieurs formes: humaines, végétales ou animales et tout cela sur un pied d’égalité. Mais cette idée n’est pas celle des Grecs qui différencient les hommes des plantes et des animaux. Cela n’empêche pas les Grecs d’assimiler les dieux égyptiens et leurs représentations diverses. En revanche, les Romains sont plus circonspects. Lors de la venue des religions monothéistes, les conflits débutent. La religion juive, ne posera pas beaucoup de problèmes en Egypte car elle ne souhaite pas s’imposer. Cependant, ce qui déclenchera les conflits sera son refus de se mélanger aux autres cultures égyptiennes. Pour ce qui est du monothéiste chrétien, les problèmes sont plus tardifs. Au début, il y a un respect mutuel. Les luttes commencent dès le début du Vème siècle, sous la domination romaine. Cette « nouvelle » et jeune religion, venue de l’étranger est mal perçue. Le fait que les chrétiens s’opposent au culte impérial n’arrange pas les choses. Le christianisme entre en conflit avec les païens et les juifs, parallèlement aux conflits internes. Ces altercations se terminent par la prise du pouvoir de l’évêque Théophile d’Alexandrie et la démolition de temples.

La troisième partie aborde les mœurs égyptiennes. Le premier chapitre mentionne les activités autour des sanctuaires. En 280 av. J.-C. Ptolémée II d’Alexandrie instaure une fête grecque en l’honneur de Dionysos fondateur de la lignée des Lagides et de ses parents divinisés, lui permettant ainsi de se considérer comme fils de dieux. Cet événement est fêtée tous les quatre ans et se déroule en quatre étapes : la procession de deux jours hiérarchisée selon le métier, l’âge et le genre, suivi du sacrifice de mille taureaux, le concours de trois épreuves (athlétisme, musique et équitation) et le banquet divisé en deux, l’un pour les hauts fonctionnaires et le second pour les autres. Ce spectacle permet de charmer les visiteurs, de leur montrer le pouvoir et les richesses du roi. Cette fête englobe à la fois la victoire, la puissance, le respect des anciens et des dieux, la richesse et la paix afin de garantir l’attachement et l’appui du peuple grec.

L’une des plus célèbres fêtes du temple romain ptolémaïque d’Esna est « la fête du soulèvement du ciel et de l’instauration du tour de potier ». Lors de cette fête, on commémore et imite les actions des dieux aux origines. On a aussi retrouvé un calendrier des fêtes, qui donne toutes les instructions nécessaires. Les jours de fêtes sont fériés en Egypte tout comme en Grèce. Tous les rituels d’Egypte ont des actes en commun, mais possèdent aussi chacun leurs spécificités. La cérémonie d’Esna est axée sur le concept de la création du cosmos par le dieu Khnoum, d’où l’acte du « soulèvement du ciel ».

Les rituels du matin ont lieu toute l’année dans tous les sanctuaires d’Egypte. Ils se déroulent toujours de la même manière : offrandes, « chant du matin » et « éveil du dieu » par le prêtre.

La cérémonie, après la seconde purification des prêtres, se poursuit avec la « sortie du dieu ». L’on place l’image du dieu dans la barque sacrée. Le cortège fait un circuit autour de la ville, puis revient à son point de départ et continue avec les offrandes. Ensuite a lieu le rituel de « l’union au disque », permettant à la statue de récupérer de la vitalité. Cette « révélation du visage » accompagnée de chants permet à tous les Egyptiens de voir le dieu. Puis un prêtre lit Le Livre de détruire Apophis qui retrace le combat du dieu solaire contre le serpent maléfique. « Le mystère de la naissance royale » est une fête qui justifie le lien indispensable entre le dieu, son office de création (ici Khnoum) et l’office royal. À Esna, on célèbre la naissance du premier roi sur « le tour de potier » du dieu Khnoum.

Le dernier acte qui se déroule en fin de journée doit assurer la continuité du pouvoir de création du dieu Khnoum à travers l’espèce humaine. La barque sacrée quitte à nouveau le temple, suivi de la purification, des offrandes, des chansons et l’éclairage de torches. Un rite spécifique à la ville d’Esna, appartenant au dieu Khnoum, est d’installer symboliquement le « tour de potier », emblème de création, « dans le ventre » de toutes les femmes, afin d’assurer la continuité du pouvoir.

La vie des prêtres égyptiens dans un temple est rythmée par des fêtes. Les prêtres consacrent une grande partie de leur temps au « service du dieu ». Cependant, la vie ordinaire sacerdotale est faite d’occupations variées qui ne sont pas obligatoirement cultuels. Grâce aux documents grecs et démotiques, nous savons quels étaient les activités et les devoirs des prêtres au sein du temple. Les temples bénéficient de revenus sur leurs terres cultivées qui sont louées, permettant ainsi la bonne conservation du temple. La domination romaine instaure des lois plus strictes, coupant les subventions de l’Etat. Contrairement à cette période, l’époque ptolémaïque permettait à l’Etat d’aider les temples dans leurs frais de culte. Cependant, ce sont parfois les fidèles qui participent aux frais du culte. La plupart des dépenses du temple sont destinées aux impôts. L’organisation des prêtres au sein du temple est très rigoureuse. Répartis en cinq « tribus », ils exécutent leurs fonctions à tour de rôle. Chaque rôle est hiérarchisé et contient plus ou moins de prêtres selon l’importance de la tâche.

Dans le second chapitre, Christiane Zivie-Coche traite des deux types de religions égyptiennes, la religion officielle, pratiquée dans des temples, et la religion privée. La religion officielle empêche les fidèles d’être en contact avec leurs dieux, contrairement aux Grecs. C’est pour cela qu’est née la religion privée qui s’inspire de celle des temples. La coutume de la prière apparaît justement dès l’époque gréco-romaine. La piété, importante dans le monde égyptien, consiste à participer aux cérémonies publiques ou aux pèlerinages. Elle se pratique aussi de manière privée (amulettes, objets sacrés, graffiti personnels, figurines etc.), montrant l’attachement des fidèles égyptiens à leur mythologie, dans leur vie de tous les jours.

En Egypte, les temples servent parfois aussi de refuge à n’importe quelle personne. Certains Grecs et Egyptiens vivent ensemble dans des temples. Ils accueillent parfois des exilés, pour diverses raisons (grève, misère, conflits personnels, maladies etc.). Cette procédure est moins développée à l’époque romaine. Soit le pensionnaire reste dans le temple, avant de repartir. Soit il décide d’y rester plus longtemps et se consacre aux dieux. D’ailleurs, Ptolémée vécut dans un temple égyptien, le Sarapieion de Memphis, pendant près de vingt ans. Au IIème siècle av. J.-C., les relations pacifiques et problématiques entre les Grecs et les Egyptiens montrent un attachement à la protection des dieux, de la part des deux cultures, car il semblerait que leurs mondes ne soient pas équilibrés. Les dieux, comme les temples, sont indispensables à la protection du peuple.

Pour communiquer avec les dieux, les Egyptiens vont dans les temples ou communiquent avec les oracles. En Egypte, cette pratique existe déjà depuis le Nouvel Empire, mais se développe sous la domination gréco-romaine. Pour communiquer, les Egyptiens ont plusieurs possibilités. Ils peuvent passer par l’intermédiaire des oracles et des prêtres, s’adresser aux dieux directement ou passer la nuit au sanctuaire ou dans un sanatorium pour voir le dieu en rêve. Les sujets traités sont généralement des soucis de la vie (peurs pour le futur, problèmes familiaux, santé etc.). La religion privée ne peut pas être simplement comparée à la magie, qui est reconnue publiquement. Effectivement, le domaine de la magie, appartient plutôt aux prêtres qui connaissent les formules. Dans l’Egypte hellénisée, la magie égyptienne assimile aussi des pratiques grecques ou autres. Elle a pour but d’avoir de bonnes ou de mauvaises intentions sur quelqu’un.

Dans le troisième chapitre, le thème traité est celui de la foi et des rites funèbres.

La vision égyptienne est centrée sur le bonheur terrestre. Cependant, les Egyptiens s’inquiètent aussi de la vie dans l’au-delà et accordent une importance à la conservation du corps. Les images que les Egyptiens se font de l’au-delà se répercutent dans leur vie quotidienne, mais aussi sur les tombes, les sarcophages, les « cercueils », simples linceuls et sur les murs des chambres funéraires, s’inspirent du Livre des morts, permettant au défunt d’atteindre le monde souterrain, sans tomber dans les pièges. Certaines images à forte teneure symbolique (pilier djed, nœud d’Isis, croix ansée) préservent le défunt. Les scènes représentent surtout des concepts usuels de conservation. Parfois, l’on retrouve des décors des deux cultures grecque et égyptienne dans une même pièce. Les défunts grecs sont enterrés dans des tombes, mais peuvent aussi être brûlés. La vision gréco-romaine de la vie après la mort est difficile à cerner, car elle approuve facilement celle des Egyptiens qui est plus attirante et positive. Les sujets les plus souvent abordés dans les tombes grecques sont la perception de la mort et de la vie dans le royaume d’Hadès, qui est bien plus noire que celle des Egyptiens. Par son optimisme, la religion égyptienne charme les autres cultures. Un des rites funéraires traditionnels, connu et rependu dans l’Egypte gréco-romaine, est sûrement la momification utilisée aussi chez les Grecs-égyptiens. Grâce aux auteurs grecs, cette pratique décrite vise à conserver le corps du défunt afin qu’il subsiste dans l’au-delà. La momification est coûteuse et n’est donc pas abordable par tous. Il existe donc trois catégories de momification qui passe d’un embaumement rapide et sans traitements à une momification de bonne qualité, accessible à une petite partie de la population égyptienne. Un autre rite traditionnel égyptien, utilisé par les Grecs, est la disposition, dans les tombes, d’objets à significations particulières et utiles à la vie du défunt (statuettes de dieux, lampes à huile, ouchebtis etc.). Les tombes retracent et expriment ainsi parfaitement la vie du défunt en fonction de sa décoration, de la qualité de l’embaumement et des objets. L’embaumement nécessite plusieurs personnes. Le métier s’enseigne de père en fils. A l’époque ptolémaïque, la charge revient aux prêtres qui travaillent avec les embaumeurs. Cependant, il se peut aussi que le fils du défunt prenne la charge d’embaumeur. Voici une des raisons de l’utilité de la succession masculine en Egypte. La momification des animaux se développe dans l’Egypte gréco-romaine, même si elle existait bien avant.

Il est intéressant de remarquer que lorsqu’un Egyptien se convertit, il conserve certaines pratiques traditionnelles. Cela se démontre bien lorsqu’on est en face d’une tombe qui date de l’Egypte chrétienne, car il est difficile de déterminer si elle appartient à un chrétien ou à un Egyptien. De plus, certains cimetières sont utilisés par les deux religions. Il semblerait même que des chrétiens aient adopté la pratique de l’embaumement surtout pour le côté conservateur, qui rappelle la renaissance. Ce mélange des deux pratiques funéraires montre une certaine influence égyptienne sur les chrétiens. Le symbole égyptien de la croix appelé « croix ansée » est réinterprété dans le christianisme comme homologue de la croix chrétienne. Petit à petit, les pratiques sont abandonnées et jugées profanes, « païennes », mauvaises, afin de marquer la séparation entre les deux religions. La religion égyptienne restera, dans les esprits chrétiens, une religion de personnes mélangeant animaux et humains à la fois effrayante et fascinante.

Pour conclure, dans ce livre que j’ai beaucoup apprécié, on découvre que les cultures, bien que différentes et rigides, ont des choses en commun. Elles se modifient et assimilent des valeurs.

Contrairement aux autres livres qui ne parlent que de l’Egypte pharaonique, ce livre dépasse cette limite. Ce qu’on y trouve est tout aussi complet et rempli d’informations qui font partie du bagage historique de l’Egypte, mais que beaucoup de gens oublient de mentionner. La deuxième partie, structurée et complète, traite des changements et des influences de l’Egypte gréco-romaine. Christiane Zivie-Coche démontre bien la relation importante entre les Egyptiens et le monde religieux qui rythme leur vie quotidienne, tel que les craintes et les espoirs.

Image du haut : Temple de Medinet Habou

Image du bas : Photo faite au Musée de Berlin, Allemagne

Bibliographie : DUNAND, Françoise et ZIVIE-COCHE, Christiane, Dieux et Hommes en Egypte, 3000 av. J.-C. à 395 ap. J.-C., Paris, 2001

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