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ArteHistoire

Exposé: Trois objets au Musée d'Art et d'Histoire de Genève

30 Août 2013 , Rédigé par Célimène Bonjour Publié dans #Egyptologie

Exposé: Trois objets au Musée d'Art et d'Histoire de GenèveExposé: Trois objets au Musée d'Art et d'Histoire de Genève

Information

Tous ces objets se trouvent en salle d'Egyptologie, au sous-sol du Musée d'Art et d'Histoire.

Plan

  1. La statue de Sekhmet
    1. La cour du temple d’Amenhotep III
  2. La statue de Ouadjit
    1. Les formes de la déesse lionne
  3. Le verrou de porte à tête et arrière-train de lion
    1. Le pouvoir de protection

Exposé

  1. La description de la statue de Sekhmet
Exposé: Trois objets au Musée d'Art et d'Histoire de Genève

La statue de Sekhmet est une statue anthropomorphe, ici un félin et corps de femme.

La déesse est assise sur un trône, un piédestal se trouvant à l’avant afin qu’elle puisse poser ses pieds. Ses mains sont posées sur les cuisses. Elle porte également un collier, une tunique à bretelle et une coiffe. Le disque solaire endommagé laisse apercevoir le reste d’un uraeus.

Le pilier dorsal, épousant la forme du dos, monte jusqu'en au sommet du disque solaire.

Dans sa main gauche, Sekhmet tient une croix ‘nx (, lire ankh) endommagée et porte des bracelets au poignet, ainsi qu’aux chevilles. Le poignet droit est détruit, mais on peut supposer qu’il était décoré d’un bracelet.

Au niveau des jambes, figure une inscription de chaque côté de celles-ci. Cependant, la jambe de gauche est la seule à être lisible. On y lit :

« nfr ntr, nswt – bity, nb t3.wy [Nb-m3at-ra], mry sxmt […] di(w) anx D.t

« Le dieu parfait, le maître du Double Pays Nebmaâtrê, aimé de Sekhmet […], doué de vie éternellement. »

Elle comporte le cartouche du pharaon Amenhotep III, suivi de la mention « […] aimé de Sekhmet » et de l’épithète donnée à la déesse, malheureusement illisible ici.

Son état de conservation général est assez bon même s’il n’est pas suffisamment bon pour reconnaître correctement le texte écrit le long de la jambe droite. On constate aussi que le haut du corps est travaillé d’une meilleure façon que le bas.

Fiche technique

Numéro d’inventaire

20926

Mesures

215 cm x 56 cm x 100 cm

Poids

1'700 kg

Matière

Granodonite noir

Cette pièce qui a été offerte par la République Arabe d’Égypte à la Confédération Suisse, en reconnaissance de la contribution Suisse au sauvetage des monuments de Nubie en 1972.

Elle daterai du Nouvel Empire (XVIIIème dynastie) et proviendrait du temple funéraire d’Amenhotep III à Thèbes (1402-1364 av. J.-C). Cette information est confirmée grâce au nom du pharaon inscrit sur la statue.

1.1 La cour du Temple d’Aménophis III

Sekhmet est une déesse dangereuse. Etant associée à la lionne féroce dans la nature, elle est souvent représentée de manière anthropomorphique avec une tête de lionne. Elle répand à travers le monde ses terribles messagers porteurs de maladies et de malheurs.

Elle est particulièrement redoutable lors des changements de cycles comme la crue du Nil ou la célébration de la nouvelle année.

C’est également une des manifestations hostiles du soleil, ce qui se traduit dans son iconographie par un disque solaire protégé par une uræus.

Le disque solaire rappelle Le Mythe de la Vache Céleste lorsque Rê, fâché contre les hommes, envoie Sekhmet sur terre pour faire un massacre. Il faudra alors recourir à la ruse, en substituant l’eau par de l’alcool afin de calmer la déesse et la faire cesser le carnage.

Les prêtres de Sekhmet sont ainsi chargés non seulement d’apaiser ses fureurs, grâce à des rites, mais aussi de soigner les malades, puisque c’est la déesse qui répand les maladies. Par conséquent, elle est la mieux placée pour savoir comment les guérir.

Etant donné que la force et la dangerosité de Sekhmet sont permanentes, Amenhotep III y apporte une réponse permanente. Il fait construire dans son temple, sur la rive ouest du Nil en face de Thèbes, plusieurs centaines de statues de Sekhmet.

Plusieurs chercheurs pensent qu’il y en avait une série de 365 statues debout et une autre série de 365 assises en face, soit un total de 730 statues.

Chaque statue avait une épithète différente, qui était récitée comme une litanie chaque jour de l’année pour apaiser la déesse et ainsi assurer la protection du monde, du roi et des sujets du royaume.

L’égyptologue français Jean-François Yoyotte note que les gravures et le polissage présents sur notre statue ne sont pas bien terminés, comme s’il y avait eu un énorme programme de fabrication et qu’il avait du être terminé le plus rapidement possible.

On trouve également ces types de statues dans le temple de Mout de l’autre côté de la rive. Jean-François Yoyotte pense que toutes ces statues ont été construites dans un premier temps pour le temple d’Amenhotep, puis qu’elles ont été réemployées ailleurs.

2. La statue de Ouadjit

Exposé: Trois objets au Musée d'Art et d'Histoire de Genève

C’est une statue en bronze d’une déesse à corps d’humain et à tête de lion(ne). L’absence d’inscriptions et la forme du visage posent des problèmes pour déterminer le nom de la déesse. En effet, la tête de lion(ne) n’est pas obligatoirement liée à Sekhmet.

La statue est posée sur le même type de trône que la précédente, à un détail près : celui-ci possède trois petits « tenons » sous le trône. La main droite est posée sur la cuisse tandis que la main gauche est relevée, le point fermé, comme tenant un objet.

Elle est habillée d’une robe moulante, porte un disque solaire sur la tête ainsi qu’une coiffe.

Le siège est décoré de chaque côté, d’écailles et de plumages. Une inscription figure sur l’un des côtés : sm3-t3wy ( lire sema tawy) qui signifie « l’unification des deux terres » en égyptien ancien.

L'arrière du trône est orné de plants de papyrus, qui rappelle la zone marécageuse du Delta, associée à la Basse Egypte.

L’image du faucon qui s’élève au dessus du sm3-t3wy est un thème général d’avènement royal. Son corps est de face, mais sa tête est dessinée de profil et surmontée du disque uré. Dans chacune de ses serres il tient l’anneau Sn ( lire chen), symbolisant la durée et l’universalité et un éventail fixé sur un manche papyriforme xw (lire rou) symbolisant la protection. Un oeil wD3.t (lire oudjat) se trouve de chaque côté de l’oiseau.

L’état de conservation peu être considérée comme très bon, mis à part le côté gauche qui est un peu enfoncé.

Fiche technique

Numéro d’inventaire

25634

Mesures

64cm

Poids

-

Matière

Bronze

Cet objet est un don en mémoire de Mr. et Mme Victoire Adda en 1983.

Sa fabrication daterait entre la fin de la basse époque et le début de la période ptolémaïque (vers 400 – 250 av. J.- C.).

Selon Eric Varin[1], la statue proviendrait de Bouto, une ville du Delta. En effet, plusieurs statuettes en bronze à tête de lion(ne) y ont été retrouvées. Peut-être pourrait-il s’agir de la déesse Ouadjit, puisque son lieu de culte se trouve dans cette ville, mais rien ne peut le confirmer.

Comme mentionné au début de la description de cette statue, il est délicat d’annoncer clairement de quelle déesse il est question ici. En réalité, on constate plusieurs détails qui mènent à une réflexion. Premièrement, on observe la présence de poils autour du mufle, rendus par les ciselures ce qui rapproche la tête d’une tête de lion et non de lionne. Ainsi, une question se pose : Est-ce qu’au départ de l’assimilation anthropomorphique, les déesses à têtes de lionnes sont en fait des déesses à têtes de lions et seront féminisées dans un deuxième temps ?

Deuxièmement, on remarque que ses oreilles sont différentes de celles de la grande Sekhmet. Elles sont pointues, et non rondes, ce qui signifie que ce sont des oreilles d’une chatte. Le sculpteur essaye de représente l’humeur de la déesse, qui est ici sous sa forme apaisée.

[1] varin, Eric, « Bulletin de la Société d'Egyptologie », in, Bulletin de la Société Égyptologique, Genève (BSÉG), 14 (1990), p. 81-87.

2.1 Les formes de la déesse lionne

Cette étude permet de faire une déduction simple : dans le système polythéiste égyptien, les divinités sont rarement limitées à une apparence et à un nom uniques. Sekhmet, Ouadjit, Tefnout, Hathor, Mout, Bastet représentent toutes une même divinité à tête de lionne, mais avec des noms différents selon l’humeur et le lieu de la déesse. Elle peut être Sekhmet quand elle est en colère, mais aussi Bastet quand elle est apaisée.

3. Le verrou de porte à tête et arrière-train de lion

Exposé: Trois objets au Musée d'Art et d'Histoire de Genève

Fiche technique

Numéro d’inventaire

A 2008 – 1

Mesures

7 cm x 2 cm

Poids

3kg

Matière

Bronze

Ce verrou de porte à tête et un arrière-train de lion a été acheté en 2008 par le Musée d’Art et d’histoire, d’une ancienne collection. Il daterait de l’époque ptolémaïque (332 – 30 av. J.-C.). Sa provenance reste inconnue.

3.1 Le pouvoir de protection

Le lion est souvent considéré comme le gardien des édifices. Imposant, dangereux, il représente la protection. C'est pourquoi les verrous égyptiens adoptent l'iconographie du félin, pour protéger l’entrée du temple, des maisons etc. afin qu’il attaque quiconque transgresserait l’accès interdit de la porte qu'il protège.

Il faut savoir que les égyptiens anciens choisirent d'insérer le verrou dans les éléments maçonnés de la porte, à l'intérieur même d'un des piédroits et non sur le vantail lui-même. Ils n'ont jamais conçu de porte à vantail unique qui aurait intégré une serrure, contrairement à nos habitudes. On ne pouvait ainsi fermer la porte que dans un sens (généralement de l'intérieur), en rabattant le vantail devant soi, et en tirant ensuite le verrou pour bloquer la porte.

On ne sait pas quel type de porte protégeait ce verrou. Cependant, au vu de son poids, son matériau et sa qualité de sa finition on peut imaginer qu’il aurait servi dans les hautes sphères de la société, peut-être dans une porte d’un temple.

Bibliographie

La statue de Sekhmet

[1]CHAPPAZ, Jean-Luc, « La déesse aux multiples visages », in : Genava, t. 41(1993), Genève, 1993, p. 52, fig. 9.

CASTONIE, Christiane, DEROBERT Dominique & Cie, Egypte, n° 10, Genève, 1977, p. 28.

« Musée d'art et d'histoire, Principales acquisitions de l'année 1972 », in : Collections archéologiques, t. 21, Genève, 1973, p. 343.

TRAUNECKER, Claude, GOLVIN, Jean-Claude, Karnak, Résurrection d'un site, Paris, 1984, p. 36, fig. 26

SAVARY, Claude, GROS, Christophe, Des jumeaux et des autres, Genève, 1995, p. 176, fig. 3.

FRANCO, Isabelle, Nouveau dictionnaire de Mythologie égyptienne, Paris, 1999.

LALOUETTE, Claire, Contes et récits de l’Égypte ancienne, Paris, 1995.

RITSCHARD, Claude, Animaux d'art et d'histoire, bestiaire des collections genevoises, Genève, 2000, p. 157 et p. 15 – 28.

GERMOND, Philippe, Sekhmet et la protection du monde (AH 9), Genève, 1981.

YOYOTTE, Jean, « Une monumentale litanie de granit. Les Sekhmet d’Aménophis III et la conjuration permanente de la Déesse dangereuse », BSFE 87-88 (1980), p. 46 – 75.

Référence électronique: http://www.villege.ch/musinfo/bd/mah/collections/detail.php?type_search=simple&lang=fr&criteria=sekhmet&terms=all&page=1&pos=7&id=1248144 (consulté le 17.4.13)

La statue de Ouadjit

[2]RITSCHARD, Claude, Animaux d'art et d'histoire, bestiaire des collections genevoises, Genève, 2000, p. 200 et p. 157.

CHAPPAZ, Jean-Luc, « La déesse aux multiples visages », in : Genava, t. 41(1993), 1993, p.53, fig. 10.

VARIN, Eric, « Bulletin de la Société d'Egyptologie », BSÉG 14 (1990), p. 81-87.

« Acquisitions du Musée d'art et d'histoire en 1984 », in : Archéologie, t. 33 (1985), Genève, 1985, p. 187-189.

Référence électronique: http://www.villege.ch/musinfo/bd/mah/collections/detail.php?type_search=simple&lang=fr&criteria=sekhmet&terms=all&pos=8&id=1243590 (consulté le 17.4.13)

Le verrou de porte

[3]CHAPPAZ, Jean-Luc, « Enrichissements du Département d'archéologie en 2008, Collections égyptiennes pharaoniques et du Soudan ancien », in : Genava, t. 57, 2009, p. 205-208.

CHAPPAZ, Jean-Luc, « Gare aux transgresseurs de porte ! », in Tribune des Arts, 2011, p. 43.

Référence électronique: http://www.villege.ch/musinfo/bd/mah/collections/detail.php?type_search=simple&lang=fr&criteria=verrou&terms=all&page=1&pos=1&id=1513679 (consulté le 17.4.13)

[1]http://www.villege.ch/musinfo/bd/mah/collections/detail.php?type_search=simple&lang=fr&criteria=verrou&terms=all&page=1&pos=1&id=1513679

[2]http://www.villege.ch/musinfo/bd/mah/collections/detail.php?type_search=simple&lang=fr&criteria=verrou&terms=all&page=1&pos=1&id=1513679

[3]http://www.villege.ch/musinfo/bd/mah/collections/detail.php?type_search=simple&lang=fr&criteria=verrou&terms=all&page=1&pos=1&id=1513679

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