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ArteHistoire

Pour être une femme, soyez d’abord une mère: la construction de l’identité féminine à travers le concept d’instinct maternel

1 Avril 2015 , Rédigé par Célimène Bonjour Publié dans #Etudes genres

theglitterguide.tumblr.com

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Ouvrages de référence

Badinter, Elisabeth, Le conflit : la femme et la mère, Paris, 2010.

badinter, Elisabeth, L’amour en plus. Histoire de l’amour maternel (XVIIème – XXème siècle), Paris, 1980.

Hrdy Blaffer, Sarah, Les instincts maternels, Paris, 2002.

Problématique

Pourquoi et comment le statut de la maternité est-il associé ou non à l’identité des femmes dans les sociétés post-industrielles suivant les deux courants de pensées qui s’opposent, à savoir que l’instinct maternel est une construction sociale du genre, du sexe et de la sexualité ou, au contraire, une réelle attitude naturelle ?

De cette question de base en découlent deux autres :

  1. L’instinct maternel, défini comme le dévouement physique et moral de la mère pour son enfant, est-il un élément présent naturellement chez la femme ou est-il construit par la société formant ?
  2. En quoi la reconnaissance ou non d’un instinct maternel naturel a-t-il une influence sur la construction du genre, du sexe et de la sexualité des femmes dans les sociétés post-industralisées ?
  1. La maternité et le statut des femmes du XVIIème siècle à aujourd’hui

Le débat au sein des sociétés post-industrielles des deux derniers siècles sur l’instinct maternel - social ou naturel ? - a une influence sur l’identité des femmes et indirectement des hommes. Dans la définition large, les femmes sont des êtres humains ayant un sexe féminin - en distinction du sexe masculin - étant dans la possibilité de mettre au monde une descendance. De plus, bien que plusieurs théoriciens l’utilisent, l’usage de ce terme au singulier ne semble pas pertinent dans le cadre d’analyses du genre. Il nous accorderons donc pour parler de femmes comme entités multiples et non unique.

Bien que cette définition peut varier selon les personnes interrogées, les cultures et les époques, la conception partagée au sein de la plupart des sociétés industrialisées depuis la fin du XVIIIème siècle associe les femmes presque inconsciemment à l’aspect physique, reproductif, charnel, émotionnel, sentimental et/ou du moins à la maternité. En effet, la jeune fille est perçue – et préparée ? - dès sa naissance, comme une future mère laissant souvent même derrière elle le statut de femme au détriment de celui de l’entité maternelle uniquement.

Dans ces sociétés, on ne compte plus les affiches de publicité, les couvertures de journaux ou de magazines qui ne fassent pas l’éloge des mères dévouées au bonheur de leur enfant, du ventre rond de ces stars qu’elles assument avec fierté ou de ces femmes, épouses, amies, collègues et mères si parfaites, jonglant fièrement et à la perfection entre leur carrière professionnelle et leur vie de famille. Est-ce là la conséquence négative de la société ou une victoire progressive du féminisme ?

Pour des théoriciens tel que la primatologue et anthropologue américaine Sarah Blaffer Hrdy (1946 - aujourd’hui) la maternité est un comportement humain – appelé instinct - présent de façon inné chez la femme indépendamment de son environnement culturel ou temporel. Partant du constat que la reproduction est un phénomène naturel, ceux-ci soutiennent l’idée que la maternité est une attitude biologique et physiologique des femmes qui est entièrement déterminée et qu’elle ne contrôle pas. Ces partisans d’un instinct maternel naturel, associent, fixent et définissent indubitablement la sexualité, le sexe et le genre féminins avec la maternité et postulent que les femmes sont des mères prédéterminées par nature et se définissent dans le but et à travers la maternité. Ainsi, la reconnaissance sociale de la femme est intimement liée au fait d’être mère.

Or, pour d’autres théoriciens, tels qu’Elisabeth Badinter, Simone De Beauvoir, Emilie Devienne, Corinne Maier ou encore Edith Vallée, l’instinct maternel est une construction sociale. Le fait d’être mère, de porter et d’élever un enfant, n’est en aucun cas un phénomène naturellement présent chez ces dernières. Ces théoriciennes dénoncent une association simplificatrice et néfaste des femmes avec la maternité et affirment qu’elle n’est pas une obligation dans la définition même du sexe et du genre féminin et dans l’épanouissement de celle-ci. Elles dénoncent une forte pression sociale qui force les femmes à n’être considérées que dans leur rôle de mères. Elisabeth Badinter constate dans son livre L’Amour en plus (1980) que le statut des femmes au XVIIème siècle diffère de celui du XXème siècle, notamment dans cette association à la maternité. L’instinct maternel si souvent loué ne semble pas définir les femmes au XVIIème siècle et un changement se serait opéré petit à petit à la fin du XVIIIème siècle. Il s’agit donc d’une pure construction de la société qui s’efforce de développer, ou devrait-on dire de provoquer, une sorte d’ « obligation maternelle », en faisant même croire qu’elle ne révèle au fond qu’une attitude belle et bien naturelle, génétique, indéniable et immuable, enfoui chez la jeune fille. Ainsi, deux écoles de pensées s’affrontent et laissent place à une question:

Pourquoi et comment le statut de la maternité est-il associé ou non à l’identité des femmes dans les sociétés post-industrielles suivant les deux courants de pensées qui s’opposent, à savoir que l’instinct maternel est une construction sociale du genre, du sexe et de la sexualité ou, au contraire, une réelle attitude naturelle ?

Ce travail traite, dans une perspective du genre, de cette question en deux volets: Dans un premier temps, nous étudierons la façon dont les femmes sont perçues, définies et valorisées dans leur rôle de mère dans les sociétés industrielles du XXème siècle et XXIème siècle, notamment à travers un retour à la valorisation de la maternité comme instinct naturel et mis en avant par l’écrivaine et primatologue Sarah Blaffer Hrdy ainsi que par des nouveaux courants féministes proche du naturalisme attachés à revaloriser cette identité féminine.

Dans un deuxième temps, nous opposerons aux idées précédentes les arguments prétendant que la maternité comme instinct naturel féminin est un argument social récent et que ce dernier n’est pas un sentiment inhérent mais bel et bien une attention que la société construit chez cette dernière, dès son plus jeune âge à travers plusieurs aspects comme l’éducation, la publicité, les médias etc. Afin d’illustrer cette opinion, nous nous attarderons sur le mouvement appelé childfree, revendiquant un mode de vie sans enfants et attaché à définir les individus autrement que par leurs capacités reproductrices.

  1. Être une femme, c’est d’abord être une mère

  1. L’instinct maternel naturel

Dans les années 1870-80, le naturaliste anglais Charles Darwin est l’un des premiers scientifiques à donner une définition de l’instinct maternel, notamment dans son ouvrage The Expression of the Emotions in Man and Animals,(1872). Effectivement, il observe – ainsi que d’autres scientifiques de son époque – divers comportements d’espèces animales et établit des similitudes avec ceux de l’espèce humaine. Il étudie les mises au monde de certaines espèces animales, notamment les singes, et parvient à la conclusion que des gestes maternels apparaissent chez les femelles - animales et humaines - même lors d’une première expérience de l’enfantement.

Déduisant que les attitudes des humains sont semblables à celles des animaux, Darwin affirme donc que : « L’affection maternelle fait partie des instincts sociaux les plus puissants et elle pousse les mères humaines et animales à nourrir, laver, consoler et défendre leurs petits ».

Plus de cent ans après, Sarah Blaffer Hrdy, sociobiologiste et primatologue américaine, émet elle aussi sa théorie sur le sujet dans son œuvre Les instincts maternels (2002). Selon elle, une partie du comportement maternel - notamment étudié scientifiquement sur des primates - des femmes à l’égard de leurs progénitures n’est pas soumis au contexte social dans lequel elles évoluent. Selon elle, la maternité est à chercher dans notre héritage. Celle-ci observe, au cours de sa vie, les primates et les femmes vivant dans les sociétés en voie de développement, comme la Tanzanie.

Sans vouloir opposer le naturel au social, ni contraindre les femmes d’obéir à l’instinct maternel comme une fatalité, l’auteur explique qu’il est le fruit de processus biologiques, créant l’attachement d’une mère à son enfant, qui s’installe ou non selon le contexte dans lequel les femmes évoluent. Ce serait les gènes, l’odeur du bébé et la sécrétion d’hormones (l’ocytocine et la prolactine) qui joueraient un rôle important dans la provocation des pulsions maternelles. L’ocytocine est sécrétée durant la grossesse, l’accouchement et lors de l’allaitement. La seconde hormone, la prolactine est à l’origine de la production de lait chez la future maman. Ces sécrétions d’hormones induisent donc de nombreux changements physiques et physiologiques chez la jeune mère durant la grossesse et à la naissance du nourrisson.

Ainsi, pour Sarah Blaffer Hrdy tous ces mécanismes biologiques seraient donc l’explication d’un instinct naturellement présent chez les femmes qui s’appliquent à toutes les époques et à toutes les sociétés. Cependant, elle ajoute que les facteurs relationnels et le soutien extérieur (familial, amical…etc) jouent également un rôle dans le développement de l’attention de la mère face à son enfant. En effet, si la mère et l’enfant sont proches dès la naissance, alors « les circuits neuronaux se modifient et l’encouragent à répondre aux signaux et aux demandes émis par l’enfant ». Mais s’ils sont séparés très tôt, comme ce fut le cas avant le XVIIIème siècle où les nouveaux-nés étaient placés chez des nourrices, l’instinct maternel ne peut pas se développer. L’attitude maternelle est par conséquent aussi induite par l’expérience, le soutien apporté par l’entourage et l’environnement social.

Bien que des comportements comme l’infanticide ou l’abandon défendent l’idée de l’absence d’un amour maternel naturel, ces derniers ne permettent pas de remettre en cause la réalité biologique de l’amour des mères pour leur enfant. Cela démontre simplement, selon la primatologue que l’instinct maternel présent chez les femmes prend du temps à se réveiller. En effet, plus les femmes passent du temps avec leur enfant, plus les risques d’infanticide sont faibles. L’auteur note également au passage que ces actes démontrent que nous pouvons agir contre nos instincts. De plus, ce type de comportement peut aussi s’expliquer par le fait que l’abandon ou l’infanticide sont une évaluation de la mère (ou du père) des faibles chances de survie de l’enfant. Ainsi, « [l]’abandon à la naissance était donc une réponse parfaitement naturelle pour les femmes privées de soutien. Proclamer que ces femmes n'ont pas d'instinct maternel parce que dans de telles conditions - arrachement du bébé à la naissance et manque de soutien- le lien avec l'enfant ne s'est pas mis en place, c'est mal interpréter les réalités biologiques complexes de l'amour maternel et l'ambivalence de l'espèce humaine ».

Par conséquent, la femme est faite biologiquement pour être mère. Pour reprendre le fameux propos de Simone de Beauvoir au XXème siècle « On ne naît pas femme, on le devient » Sarah Blaffer Hrdy postule ici que les femmes ne deviennent pas mères, mais qu’elles naissent déjà mères, puisqu’elles portent en elles cet héritage biologique. C’est l’environnement qui décide de réveiller cet instinct ou non. La maternité est donc affichée comme partie intégrante de l’identité des femmes.

Plusieurs théoriciens, essayistes, scientifiques et philosophes tels que Sarah Blaffer Hrdy, expliquent qu’il existe bel et bien des avantages à la maternité. Depuis l’antiquité jusqu’au XVIIème siècle, la maternité est mal comprise et vécue plutôt secrètement. Puis, le féminisme se battant contre le stéréotype des femmes comme objet sexuel accentue l’association entre maternité et infériorité pouvant pousser certaines femmes à culpabiliser d’avoir fait le choix d’être mères. Or, la maternité peut être souhaitée, exposée et revendiquée. En s’apercevant que l’avenir de la société passe et débute par la prolifération et la bonne éducation de l’enfant et donc par la responsabilité parentale, la maternité a permis aux femmes d’être reconnues et soutenues - dans les sociétés patriarcales - dans leur contribution au bien-être de ces sociétés. Exit la représentation des femmes comme objet de plaisir. Les sociétés post-industrielles reconnaissent une grande responsabilité qu’il convient de soutenir et de respecter. Ainsi, l’émancipation des femmes passe également par la maternité. Elles peuvent donc aussi assumer leur féminité, à travers leur rôle maternel. Depuis cette césure progressive, étudiée par Elisabeth Badinter, survenue dès la fin du XVIIIème siècle, la maternité a permis à beaucoup de femmes de s’émanciper de la tutelle maritale, notamment grâce à l’allaitement. Longtemps perçu comme une activité dégradante, l’allaitement sera longtemps critiqué et abandonné au profit du biberon. Or, :

« l’allaitement est une forme d’émancipation pour la femme, car il lui permet une très grande indépendance. Une indépendance financière pour commencer, car le lait est gratuit. On peut y voir une rupture avec la société de consommation, et une puissance symbolique de la femme. […] Une indépendance vis-à-vis des hommes ensuite : pendant longtemps, les hommes ont contrôlé la mise en nourrice pour pouvoir jouir eux-mêmes du corps de leur femme (pour que le corps reste « beau », et pour avoir le droit de reprendre une sexualité après la naissance de l’enfant). Donner le sein donne un incroyable pouvoir à la femme, car il lui permet d’être seule maîtresse de l’alimentation de l’enfant, et de prendre le contrôle pour renverser la domination masculine. ».

Ajoutons à tout cela que le monde professionnel dans lequel évoluent les femmes reste encore très inégalitaire, notamment au niveau des salaires. Peu valorisées, beaucoup se tournent vers la maternité, attribuée (à juste titre ou non) principalement aux femmes. Cette activité permet donc de « rivaliser » ou du moins d’égaler les hommes: « [e]n embrassant l’idée que les femmes sont bel et bien les meilleures placées pour éduquer les enfants, ces dernières osent privilégier leur vie de famille et choisissent de ne plus faire systématiquement passer le travail avant tout ».

Par conséquent, embrasser pleinement la maternité est une manière d’affirmer son choix, de s’acquitter de l’archétype supérieur du travail et de la pression sociale qui accable les femmes et de parvenir à associer la vie privée et professionnelle.

Dans la continuité de cette affirmation identitaire, de nouveaux courants notamment féministes modernes voient le jour à la fin du XXème siècle aux Etats-Unis. S’appuyant sur des discours écologiques, biologiques et sur la science du comportement animal appelée éthologie, ces courants s’inscrivent dans ce qu’on appelle la « pensée du care » aux Etats-Unis. Soutenus par des anthropologues, des pédopsychiatres, des organismes tels que l’OMS et l’UNESCO ainsi que les médias, ils redéfinissent le statut des femmes. Ces derniers prônent un retour à la nature - ici humaine, non transformée ou influencée, originelle - au premier plan du destin féminin et un recentrage sur la sphère privée. Ces vagues de mouvements traditionalistes de l’après-guerre ne sont pas comparable au féminisme de Simone Beauvoir qui revendique une égalité basé sur la ressemblance. Pour eux, il est vain de vouloir les comparer, car c’est en voulant être à l’égal des hommes que les femmes ont dû renoncer à leur essence féminine et ont perdu leur identité propre.

Ces féministes naturalistes défendent l’idée que les femmes ont naturellement une capacité plus grande aux soins dû aux gênes et aux hormones qui les rendent plus sensibles et compassionnelles. Sans qu’il s’agisse ici d’une vision régressive des femmes, ces courants prônent, au contraire, une acceptation de ces caractéristiques féminines pour en faire une force. Certes les femmes ne se définissent pas uniquement comme étant des mères, mais ces nouveaux groupes naturalistes accusent les autres courants féministes auxquels appartient par exemple Elisabeth Badinter de vouloir supprimer les caractéristiques naturelles des femmes, injustement associées à une infériorité. En remettant au centre la nature biologique féminine, ces courants veulent également faire accepter l’image des femmes modernes des sociétés industrielles du XXIème siècle qui acceptent et adoptent la maternité, sans honte. La maternité, la sensibilité, la différence et la compassion ne sont pas des identités féminines à voir comme des faiblesses mais comme des caractéristiques naturellement présentes chez les femmes qui doivent les assumer et arborer fièrement. La différence est présentée ici comme une force qu’il convient de ne pas refouler et la maternité en soi pouvant constituer un acte féministe, en ce qu’il exprime un choix fait par des femmes. Ces « éco-féministes », partisans d’une maternité non-cachée dénoncent à leur tour ces féministes qui ne veulent plus voir que dans le choix conscient de la maternité une influence de la société. En viendrait-on à ne plus croire à ce choix de vie sans penser que ce comportement est induit par la société et qu’aucune femme ne tire un réel plaisir à être valorisée et perçue « simplement » ou « seulement » en tant que mère ?

III. Une femme n’est pas une mère

a. Quand l’instinct maternel est une construction sociale

En 1980, Elisabeth Badinter (née 1944) publie un livre intitulé L’Amour en Plus. Destiné à un large public de préférence francophone, cet ouvrage provoque dès sa sortie de violentes réactions, dans la sphère médiatique et scientifique, qu’il s’agisse de partisans ou non des idées de l’auteur. Soutenue par certains, elle sera également fortement critiquée par d’autres qui verront dans son discours l’argumentation faussement scientifique d’une militante féministe extrémiste et dépassé.

Cette philosophe et féministe française s’oppose à plusieurs idéaux. S’inscrivant dans la pensée de l’essayiste, féministe et philosophe française, Simone de Beauvoir (1908 - 1986) et son fameux ouvrage Le Deuxième sexe (1986), elle revendique tout d’abord l’identité des femmes en tant qu’entité propre et délivrée de toute étiquette, qu’elle soit maternelle ou autre. Puis, elle réfute de la même façon les propos scientifiques selon lesquels les femmes sont prédestinées naturellement non seulement à avoir des enfants, mais également à les aimer inconditionnellement dès la naissance jusqu’à un âge avancé.

Dans ce livre, l’auteur retrace l’Histoire de la maternité et tente d’analyser les raisons qui ont provoqué une transition entre l’indifférence du début du XVIIIème siècle et cette relation passionnelle dès le début du XIXème siècle et essaye également de comprendre le développement, dans les mentalités, d’une théorie sur l’instinct maternel inné.

Afin de mieux comprendre le comportement des femmes à l’égard de leur progéniture, l’auteur débute par une approche historique, du XVIIème au XXème siècle, de la perception des femmes dans la société occidentale et surtout française, de leurs relations avec les autres ainsi que la perception des valeurs familiales. Il convient donc de prendre en compte que ses analyses et ses arguments qui en découlent ne sont pas applicables aux femmes du monde entier. En effet, les pays scandinaves possèdent des politiques familiales, économiques et sociales différentes. Or, notons tout de même qu’il est intéressant de constater que leur politiques ont des conséquences sur le comportement social des individus.

Dès l’antiquité, jusqu’au début du XVIIème siècle, les relations familiales sont très différentes de celles qui viendront par la suite selon Elisabeth Badinter. Durant cette longue période, ces sociétés patriarcales mènent la vie dure aux femmes et aux enfants. Connoté plutôt négativement, la notion d’amour au sein des familles et de la société ne correspond pas du tout à celle qui se développera à la fin du XVIIIème siècle. Perçu comme une faiblesse, cette tendresse sera critiquée et mise de côté. Pendant longtemps les femmes ne sont reconnues que dans leur statut d’épouse et/ou de mère, réduites au maternage et à l’éducation des enfants. Ainsi, l’environnement froid, dur, répressif et exempt de tendresse, dans lequel évoluent ces deux corps, ne favorise en rien un attachement entre la mère et sa progéniture.

Influencé par les philosophes, écrivains, théologiens et pédagogues, l’enfant est également perçu comme un être imparfait, bête, corrompu, dont il faut se méfier, dangereux, manipulateur, et gênant. À sa naissance, l’enfant est souvent confié à une nourrice, abandonné, voire même tué dans des cas de fortes détresses. Le recours aux nourrices est d’abord utilisé dans les familles aristocratiques du XIIIème siècle, puis s’étendra à toutes les couches de la société dès le XVIIIème siècle.

Cette distanciation parentale, puisqu’elle concerne à la fois la mère et le père, a plusieurs explications. Tout d’abord, la forte mortalité infantile, qui s’élève à environ 25% en France jusqu’à la fin du XVIIIème siècle pousse les parents à ne pas s’attacher au nouveau-né, fortement susceptible de ne pas survivre. Mais certains diront que cette souffrance est bel et bien la preuve d’un réel amour maternel. Or, cela ne justifie pas totalement l’attitude de certaines mères de classes aisées, dont la mortalité infantile existe certes, mais est réduite. L’auteur pose ainsi la question différemment : il semblerait que la mortalité infantile soit la conséquence d’un désintérêt maternel et non la cause. Puis, Elisabeth Badinter relève également le phénomène de l’inégalité de l’indulgence envers les enfants, selon leur sexe et leur rang. En réalité, c’est ce qu’apportera socialement l’enfant à ses parents qui le placera plus ou moins haut dans leur estime. Le fils est préféré à la fille pour des raisons économiques évidentes et les relations avec les aînés sont privilégiées pour des raisons d’héritage, puisque le sort de la mère dépendra de son héritier si son mari venait à mourir. Par conséquent l’auteur pose la question suivante: comment expliquer cette attitude de favoritisme avec la théorie d’un amour équitable et spontané ?

Ensuite, l’auteur relève aussi la réticence à tout changement physique. Ces sociétés occidentales du XVIIème siècle véhiculent non seulement l’idée esthétique que l’allaitement dégrade le corps des femmes, mais également qu’il s’agit là d’une pratique populaire vulgaire. Ajoutons également que tout le travail maternel que l’éducation d’un enfant demande n’est aucunement valorisée à ces époques. En revanche, l’émancipation féminine, qui en séduit plus d’une puisqu’elle apporte la reconnaissance et la gloire, pousse les femmes à se distancier du monde de l’enfant. Les femmes rejettent donc la maternité au profit du combat des tourments de la condition féminine tels que la domination masculine, l’isolement culturel…etc. Les femmes se distancient donc « […] des dames qui ne savaient pas être autre chose que femme de leur mari, mère de leurs enfants et maîtresse de leur famille ». Pour elles, « […] la liberté c’est faire ce que l’on veut au moment où on le veut. Dans leur cas, l’enfant est une entrave matérielle à cette vie de plaisir. […] Leur plaisir est limité par la morale…du plaisir ; leur liberté par l’obligation sociale d’apparaître libre : de tous préjugés moraux, de tous liens sentimentaux et bien sûr de toutes obligations économiques ».

Pour finir, Elisabeth Badinter observe que plus le ménage est pauvre et plus le nouveau-né est susceptible de représenter une gêne financière. Il sera donc envoyé chez une nourrice, abandonné ou assassiné. Or, il est ici bien clair que cette attitude ne peut pas être mise en lien avec un manque d’amour maternel. C’est ici l’instinct de survie qui prime sur l’instinct maternel. En revanche, « [p]our expliquer l’exil massif des enfants de la ville chez les nourrices, on a le plus souvent invoqué la situation économique des parents naturels. Si cette explication est nécessaire, elle ne paraît pas suffisante », affirme l’auteur. Les cas de dons à des nourrices, d’abandons ou d’infanticides se passent également dans des cercles familiaux sans difficultés financières ou sans problèmes de disponibilités. Par conséquent, si ces différentes attitudes sont pratiquées de manière systématique quelles que soient les couches sociales ou la situation financière de la famille, c’est que les valeurs sociales et l’attitude de la communauté font passer le travail et les bénéfices du mari, avant le contentement de l’enfant. Le choix est donc influencé par la philosophie dominante. Et l’amour maternel ne semble pas se manifester s’il n’est pas encouragé. Cette indifférence, curieusement non condamnée par les sociétés occidentales de l’avant-guerre puis condamnée par la suite démontre que l’on ne peut pas discuter d’instinct naturel lorsque dans plusieurs pays les femmes ne développent pas d’amour maternel, et ce jusqu’au début du XIXème siècle. Ainsi, l’auteur postule que le comportement féminin et son attachement au statut de mère n’existe non seulement qu’en relation avec celui de l’enfant et celui du père, mais qu’il dépend totalement de la façon dont la société décide de le déprécier ou de le valoriser. Lorsque les époques et les sociétés patriarcales mettent l’accent sur l’autorité masculine, les femmes – et les mères – rejoignent le statut inférieur de l’enfant. À l’inverse, la préséance du statut de l’enfant provoque une amélioration du statut des femmes-mères au profit de celui de l’homme-père. Dans les deux cas, le comportement de la mère à l’égard de son enfant n’est donc pas le même : « selon que la société valorise ou déprécie la maternité, la femme sera plus ou moins bonne mère ». Et si l’instinct n’est donc pas dicté par ces sociétés, mais bel et bien par la nature comment expliquer les abandons, les infanticides, le désintérêt de certaines femmes et les apprentissages de l’allaitement, censés être innés, les auxiliaires lors de l’accouchement etc ?

La valorisation de la figure maternelle est donc un concept assez récent: « […] ce n’est qu’à la fin du XVIIIème siècle que le rôle de la mère a été valorisé et que le regard sur l’enfance à changé. C’est alors que l’on a enfermé les femmes dans le rôle de mère nourricière, exigeant un dévouement total à sa progéniture ». En effet, à la fin du XVIIIème siècle s’opère un changement vis-à-vis du regard sur l’enfant et les femmes dans leur rôle dans la société. Plutôt définis comme des êtres inutiles, les enfants se voient vouer un véritable culte, ce qui a un impact sur les fonctions que l’on attribue également aux femmes. On s’aperçoit que les fonctions maternelles, reproductrices et nourricières décrites comme naturelles et spontanées sont mises en valeurs et présentées comme de réels avantages. À cette période charnière, les mentalités leurs attribuent une nouvelle sensibilité. C’est à ce moment que l’on met non seulement l’enfant au centre de la famille, mais également l’accent sur les sentiments et la relation amoureuse entre la mère et l’enfant. Plusieurs auteurs, tel que Rousseau, développeront par ailleurs à cette période, l’idée d’une famille basée sur un amour maternel.

Dans cette optique apparaissent des personnages tels que Madame du Châtelet (1706 - 1749), mathématicienne et femme de lettres réputée ou encore Madame d’Epinay (1726 - 1783), femme de lettres également et amie de Rousseau qui fait l’éloge d’une nouvelle sorte de femme appelée « la bonne mère », soucieuse du bien-être de sa progéniture. En créant un devoir maternel prétendument nécessaire et indispensable au bon fonctionnement de la société et de l’espèce, et en associant l’allaitement au fait d’être une mère attentive et sensible, donc digne de son enfant, ces sociétés construisent l’identité des femmes comme une future maman aimante, digne, protectrice, mais aussi responsable du bon fonctionnement de toute une société en véhiculant et valorisant cette image.

Elisabeth Badinter assoit donc sur le banc des accusés les sociétés patriarcales industrielles du XVIIIème siècle à nos jours. Poussées par des motivations politiques et économiques les sociétés industrielles décident de revaloriser l’image de la mère parfaite afin de pallier aux différents problèmes. En effet, l’auteur relève que les crises économiques la réévaluation de l’enfant en tant que futur consommateur et les discours des féministes proches des courants naturalistes ont eu une influence sur l’identité des hommes et des femmes. Les enfants et les tâches maternelles jusque-là négligés, les crises économiques et le faible taux de natalité dû à la mauvaise image de l’enfant et donc au désintérêt des femmes selon l’auteur, font non seulement prendre conscience aux nations modernes que leur avenir social et économique est en danger, mais que les enfants possèdent une valeur marchande intéressante car ils participent à l’enrichissement de l’Etat. Par conséquent, ces derniers tentent de véhiculer une image plus positive de l’enfant et tentent de revaloriser l’investissement des mères dans l’entretien de leur progéniture, dans le but d’augmenter les naissances et donc les dépenses: « Dans cette nouvelle optique quantitative, tous les bras humains ont de la valeur, même ceux que jadis on considérait avec quelque mépris. ». Notons tout de même que ces sociétés européennes - exceptés les pays scandinaves qui possèdent des politiques différentes et donc des résultats différents - ne semblent cependant pas juger nécessaire de responsabiliser les hommes dans ces nouvelles tâches éducatives. Modèle vivant chargé d’idéal par excellence, la mère devient irremplaçable au sein du cercle familial et dans l’éducation des enfants. Chargée de donner le bon exemple, cette dernière doit s’impliquer totalement dans la construction du bonheur de son entourage. Ce dévouement à plein temps (allaiter, jouer, nourrir, éduquer etc) ne permet pas de quitter le domicile familial et exclu dès lors toute autre activité professionnelle ou personnelle : « On ne peut pas être à la fois mère et autre chose. Le métier maternel ne laisse pas une seconde de libre à la femme ». Même le temps passé au foyer devient un facteur de distinction entre les bonnes et les mauvaises mères. De plus, son influence s’étend au delà de la famille, puisque la société prétexte que son organisation est à l’image de l’éducation que les hommes ont reçu de leur mère. Exprimées par la responsabilité du bonheur sociétal qui passe par la réussite familiale, l’auteur dénonce ces pressions sociales exercées sur les femmes - et les hommes - et qui les enferment dans leur unique rôle de mères parfaites, mais aussi épouses, amies, filles, collègues de travail etc. En imposant le modèle de la mère parfait comme norme unique tout en condamnant les autres et en associant symboliquement l’enfant à une réussite sociale et à la consécration du bonheur, ces dernières privent non seulement les femmes de faire un choix, mais enferment et formatent ces dernières dans un modèle unique qu’il est difficile de quitter. Un grand nombre d’entre elles deviennent donc mères en se conciliant aux principes sociaux sans réellement se poser de questions sur les motivations réelles de ce choix.

L’allaitement est un sujet fortement abordé par Elisabeth Badinter dans ses deux ouvrages (L’Amour en plus et Le conflit: la femme et la mère). Contrairement aux arguments avancés par les théoriciennes mentionnées dans la première partie, l’allaitement ne participe pas selon elle à l’émancipation des femmes. En effet, l’OMS et l’UNICEF contraignent, par recommandations, l’allaitement aux pays du monde entier dès la fin des années 1990. Preuve d’amour par excellence, on leur rappelle que leurs seins appartiennent prioritairement à leur progéniture et qu'ils ont été créés pour nourrir. On certifie aussi aux mères qu’il s’agit là d’une pratique à adopter puisqu’elle mène à un idéal de beauté, d’épanouissement et de considération total. On leur assure qu’elles feront des épargnes, qu’elles seront affichées comme ayant un comportement exemplaire et on les invite à prendre modèle sur les femelles du règne animal. En réalité, il est difficile d’évaluer le pourcentage des femmes qui le font par plaisir ou mécaniquement pour obéir à la mode et échapper à la culpabilité.

En conséquence, le nouveau discours maternel prôné par certains n’est en aucun cas à lier à une quelconque forme d’émancipation féminine mais à une manipulation de ces sociétés modernes, poussées par des motivations économiques et sociales « […] illustrées par le discours du bonheur et de l'égalité : « soyez de bonnes mères et vous serez heureuses et respectées. Rendez-vous indispensable dans la famille et vous obtiendrez droit de cité » ». Dans le Conflit, la femme et la mère Badinter signale que depuis la fin du XIXème siècle, l’identité et le statut des femmes se sont dégradés en particulier du fait de cette reconsidération de la maternité. Si bien présentées les femmes ne sont désormais identifiées et reconnues qu’à travers elle. L’identité féminine est donc entièrement construite par ces sociétés qui imposent un modèle féminin unique comme un devoir moral. Formatées pour donner à la société ce qu’elle veut, les femmes deviennent mères par obligation et non plus par choix.

Attention tout de même à ne pas tomber dans la tendance inverse, à savoir de faire un procès aux mères qui ont choisies d’avoir des enfants en toute connaissance de causes. Il arrive parfois que les propos d’Elisabeth Badinter accusent toutes les mères de s’être laissées aveuglément influencer par la société.

b. Le mouvement childfree

Comme étudié dans le chapitre précédent, nous avons observé, que le statut des femmes est fortement lié à la plus ou moins grande considération de l’enfant.

S’inscrivant dans un retour aux mœurs de la société de l’avant XVIIIème siècle, certains mouvements et associations de « non-géniteurs » naissent dès la fin du XXème siècle dans les pays anglophones tels que le Canada, la Grande-Bretagne, l’Australie ou encore les Etats-Unis comme la National Alliance for Optionnel Parenthood fondée à la fin des années 1970 en Californie, avant de se répandre dans le reste du monde au début de ce siècle.

Ces derniers s’identifient sous le terme de childfree « libre d’enfant », à savoir refuser d’avoir des enfants, par choix, à ne pas confondre avec childless « sans enfants » terme plutôt connoté négativement et désignant les personnes qui ne peuvent pas en avoir. Bien qu’ils soutiennent les raisonnements des auteurs mentionnés plus haut qui se situent dans une position dénonciatrice plutôt passive exposant les problèmes, ces derniers luttent activement pour une reconnaissance dans la diversité des désirs aussi bien féminins que masculins tout en proposant des solutions.

Plusieurs raisons poussent ces personnes à ne pas avoir d’enfants: absence de désir, craintes quant à la transmission de maladies héréditaires, carrière professionnelle privilégiée, incertitudes quant à l’avenir économique et écologique de la planète, problème de partenaire, conviction qu’il s’agit là d’un acte égoïste, perte d’une indépendance, anticonformisme, volonté de ne pas faire porter un lourd passé familial, une trop grande responsabilité, expérience personnelle, le fait de ne pas apprécier les enfants … etc. Néanmoins, ces minorités se disent vivre dans des sociétés où la parentalité et surtout la maternité sont magnifiés. Elles sont mal-comprises et perçues de façon étonnante et parfois même égoïste par l’opinion publique: « [qui] sont 63% à considérer que «pour s'épanouir, une femme doit avoir des enfants» ». Pourtant les chiffres parlent d’eux-mêmes et démontrent une augmentation de cette nouvelle philosophie dans la plupart des pays industrialisés: selon une étude menée en 2006 par l’INED (Institut National d’Etudes Démographiques), « [e]n France, 10% des femmes nées en 1940 n’ont pas d’enfants. 12 à 16% des femmes nées en 1980 n’en auront pas. En Allemagne, 30% des femmes en âge de procréer sont sans enfant. Au Royaume-Uni, le nombre de femmes sans enfant a augmenté de 100% en vingt ans. Au Japon, 56% des femmes de 30 ans n’en ont pas (contre 24% en 1995) ».

Ces organisations s’engagent sur plusieurs fronts. Tout d’abord, elles combattent les pressions sociales exercées sur les jeunes filles, puis sur les femmes surtout lorsqu’elles se rapprochent de l’âge de procréer. Puis, elles tentent de faire comprendre qu’une vie sans enfant est un choix de vie possible parmi tant d’autres et que la maternité n’est pas toujours la préoccupation initiale et instinctive de toutes les femmes. Les seuls arguments biologiques qui empêchent les individus de prendre librement des décisions ne suffisent plus.

En effet, les childfree font remarquer que les sociétés fonctionnent selon la logique du tout ou rien qui catégorise l’individu de façon manichéenne en procédant par la valorisation de certains actes et la culpabilisation d’autres. La condition maternelle est tout aussi valorisée que la non-maternité est discréditée: « si on était bien d'accord pour sanctifier la mère admirable on l'était tout autant pour fustiger celle qui échouait. De la responsabilité à la culpabilité il n'y avait qu'un pas qui menait tout droit à la condamnation ».

Les femmes sont donc non seulement responsable du bonheur, mais également coupable du malheur de tous. La construction de l’image de la femme parfaite associée à la maternité est accompagnée de son pendant négatif, qui néglige ses tâches - appelées « fonctions originelles » : épanouissement pour les unes présuppose malheur pour les autres. En contre-exemple, on dépeint et critique la figure de ces femmes que l’on juge égoïstes, indignes, indifférentes, voire même malades. Persuadé que le refus de la maternité ne cache au fond qu’une souffrance, les sociétés cherchent des excuses à ce choix: traumatisme étant enfant, troubles psychiques, narcissisme, égoïsme. Mais : « […] choisir d'être mère ou non doit-il être analysé en termes de normalité et de déviance ? ». Or, le nombre de femmes qui s’opposent au sacrifices de leurs projets et souhaits au détriment du confort de l’enfant est trop important selon Elisabeth Badinter pour les placer dans la catégorie des exceptions maladives.

Ceux qui refusent d’avoir des enfants sont sans cesse amenés à expliquer leur choix, alors que l’on ne se pose pas la question à ceux qui ont fait le choix d’en avoir. Pourtant personne ne pense aux ravages que peut provoquer l'irresponsabilité de certains parents ou la découverte de la dure réalité de la maternité. Les sociétés européennes entourent la réalité maternelle d’un cercle d’illusions où la maternité n’apporte que joie et amour. Et c’est en associant un aspect scientifique et en faisant remonter son existence aux temps antiques, qu’elle construit le mythe idéal de l’instinct maternel. Mais les childfree rappellent ici à juste titre la face cachée, mais bien réelle, de la maternité faite d’épuisements, de frustrations et de sacrifice. Combien d'enfants jouent le rôle de consolation, accessoires de mode, sont ignorés ou maltraités ? Refusant des responsabilités maternelles qui impliquent des sacrifices, ces adeptes de ce mode de vie apprécient par-dessus tout leur autonomie affective et économique. Effectivement, la sociologue américaine Kristin Park explique que la survalorisation du rôle maternel provoque chez certaines femmes un sentiment de répulsion car elles l’associent à une perte d’identité et de liberté.

Bizarrement, les sociétés paraissent plus s’interroger sur ceux qui réfléchissent à leurs responsabilités que par ceux qui les méprisent.

Pour les partisans, les discours responsabilisants, que l’on retrouve dès le XVIIIème siècle accablent les femmes du sentiment de culpabilité, la piègent dans une définition unique et assombrissent l’image et l’autorité du père. Pour eux, la maternité ne permet pas aux femmes de s’émanciper de l’autorité masculine. Bien au contraire, la dépendance de la domination masculine se déplace dans la dépendance de l’éducation des enfants, qui enferme les femmes au foyer. Dès lors, la maternité amplifie selon eux l’inégalité dans le couple aussi bien au niveau des tâches domestiques, de l’éducation, du salaire et de la carrière professionnelle. En effet, sans enfants, la majorité des femmes ont plus de chances de trouver une situation économique, professionnelle et sociale au même niveau que celui des hommes. Plusieurs enquêtes révèlent que plus les femmes sont libérées des contraintes économiques et sont diplômées, plus ces dernières se détournent de la maternité.

Ce dévouement ne semble pas spontané dans une société qui proclame pourtant qu’il s’agit d’un comportement inné. Par conséquent, le facteur social a bel et bien une grande place dans le comportement des femmes vis-à-vis de la maternité et dans la construction de leur l’identité.

Dans cette optique, Corinne Maier - psychanalyste, maman et auteur du livre No Kid: Quarante raisons de ne pas avoir d’enfant (2007) - remet en question avec humour et convictions ce statut de parent dans son ouvrage et critique la vénération de l’enfant apparu dès le XIXème siècle. En accusant ce « culte à l’enfant », celle-ci replace l’enfant et ose dire, avec espièglerie parfois, qu’il peut aussi être perçu comme un facteur de réduction du bonheur du couple.

Plusieurs autres ouvrages racontent les expériences des femmes comme Emilie Devienne ou Edith Vallée. Ces dernières assurent que leurs décisions de non-maternité ont été difficilement admises dans les sociétés actuelles dans lesquelles elles vivent. En perdant cette spécificité féminine, ces femmes sont dépossédées de leur identité. Difficile donc de se construire dans de telles sociétés où on ne pose pas la question de savoir si la maternité plaît aux femmes ou non et où dès son plus jeune âge, la jeune fille est déjà préparée à travers les moyens de communication (télévision, livres ou jeux) à remplir son futur rôle. Comme le dit Béatrice Marbeau-Cleirens: « […] la femme pouvant être mère, on a déduit non seulement qu'elle devait être mère, mais aussi qu'elle ne devait être que mère et ne pouvait trouver le bonheur que dans la maternité ».

Au final, leur but est de redéfinir l’identité féminine jusque-là engloutie dans une maternité survalorisée. À force de rappeler aux individus leurs devoirs, les sociétés en oublient leurs droits et excluent la réalité des ambivalences, ici féminines. L’allaitement et la maternité devraient être des droits et non des devoirs et s’ils sont des droits, l’inverse est aussi valable.

V. Conclusion

Même si la capacité à procréer se retrouve dans la définition même des femmes et que cette caractéristique permet notamment de les distinguer des hommes, cette capacité ne signifie en aucun cas que les femmes doivent être mères. Le débat sur l’identité des femmes que nous venons d’étudier débouche sur une conclusion commune assez claire: les femmes peuvent être des mères à plein-temps ou à temps partiel, mais peuvent aussi ne pas l’être du tout. Au final, la tolérance vis-à-vis des décisions - avoir des enfants ou pas - est ici à mettre en avant. Le discours « soyez d’abord des femmes », « soyez d’abord des mères », change pour devenir « soyez qui vous voulez ». Les femmes seront libres, le jour où elles pourront choisir.

En effet, comme le constate Camille Froidevaux-Metterie, philosophe, maître d’enseignement à l’Université de Reims Champagne-Ardenne en France et auteur du livre La révolution du féminin, les sociétés ne fonctionnent que par manichéisme: les femmes en tant que personne s’opposent aux mères comme une fonction. Comme si le choix de l’un suppose l’abandon de l’autre:

« L’un est universaliste: les différences des rôles sexuels sont entièrement déconstruites comme des objets façonnés par l’histoire, qui n’ont rien de naturel. L’autre est différentialiste, ou essentialiste: on valorise la femme comme un être ontologiquement différent, porteur, par essence, d’autres valeurs. […] L’universalisme peut finir par faire de la femme un homme comme les autres, dans un monde où ce qui paraît neutre est en réalité un produit du modelage masculin. Le différentialisme risque, lui, d’enfermer la femme dans sa nature supposée, fondée sur les caractéristiques d’un corps qui a longtemps été sa prison. ».

En réalité, il n’existe pas deux façons de définir les femmes - celles qui sont mères et celles qui ne le sont pas - mais une infinité. La diversité des aspirations féminines est à prendre en compte et à respecter. Bien que c’est souvent ce que l’on reproche à Elisabeth Badinter, dans sa lutte féministe parfois extrémiste, il semblerait que d’autres n’y voient que la porte-parole de propos dénonciateurs. Effectivement, la césure stricte qui s’opère aux alentours du début du XVIIIème siècle est à nuancer. Bien qu’un changement se produit à cette période, il convient de rappeler que les auteurs des nouveaux courants de pensées, comme Rousseau, ne touchent que les couches instruites et aisées de la société qui ne constituent qu’une minorité (en nombre). Ce n’est que dans un second temps que le reste de la population sera influencée progressivement.

En revanche, les auteurs des deux camps s’accordent pour dire qu’il faut respecter les multiples choix, amoindrir le poids des devoirs maternels, arrêter de véhiculer l’image de la maternité comme un sacrifice total ou au contraire du seul moyen d’épanouissement possible et soutenir toutes ces femmes qui choisissent de ne pas avoir d’enfants ou qui décident de ne pas choisir entre la maternité et la carrière professionnelle.

Paradoxalement, la maternité si bien considérée par les sociétés occidentales n’est pas forcément appréciée dans un monde où de plus en plus de femmes entament de longues carrières professionnelles. Alors que les partisans de la famille classique critiquent les mères qui travaillent, le monde professionnel leur reproche leurs maternités répétées.

Rappelons tout de même que ce type de débat s’inscrit dans des sociétés ou des familles où la discussion est possible. Si dans certains pays, la maternité est discutée comme un choix, dans d’autres elle constitue une obligation ou une impossibilité.

D’un côté, dans certaines sociétés ou familles, qu’il s’agisse de pays en voie de développement ou non, les enfants constituent parfois un revenu supplémentaire non négligeable à la famille. D’un autre, le choix de se consacrer entièrement à la maternité suppose aussi de dépendre financièrement d’autres individus (partenaire, famille, proches, subventions etc) « […] ce « caprice » […] n’est possible que dans les couches moyennes et supérieures, lorsque le mari travaille et gagne a priori bien sa vie, et/ou lorsque la profession de la mère lui permet de travailler à domicile, souvent à son compte ». Or, d’autres enquêtes démontrent que les femmes qui ont une situation sociale et économiques stables ne se tournent pas naturellement vers la maternité. Un choix et un besoin pour les unes, une gêne ou une envie pour les autres, la venue de l'enfant au sein d’une famille n’est pas vécue de la même manière par les femmes selon leur ambitions, cultures, revenus, expériences. C’est pourquoi, c’est en parcourant l’histoire des attitudes des femmes face à la maternité, que l’on constate que la conduite universelle n’existe pas. Au contraire, la grande fluidité de ses sentiments, selon sa culture ou ses ambitions montre qu'il n'y a pas d’attitude maternelle suffisamment homogène pour parler d'instinct ou de comportements maternels « en soi ».

VI. Bibliographie

Ouvrages généraux

Amy, Marie-Dominique, La relation mère-enfant : instinct ou intuition ?, Paris, 2012.

Badinter, Elisabeth, Le conflit : la femme et la mère, Paris, 2010.

Devienne, Emilie, Etre femme sans être mère : le choix de ne pas avoir d’enfant, Paris, 2006.

Badinter, Elisabeth, L’amour en plus. Histoire de l’amour maternel (XVIIème – XXème siècle), Paris, 1980.

Ellisson, Katherine, Le cerveau des mères : Ou comment la maternité rend les femmes plus intelligentes, Paris, 2008.

Hrdy Blaffer, Sarah, Les instincts maternels, 2002.

Hrdy Blaffer, Sarah, Mothers and Others : The Evolutionary Origins of Mutual Understanding, 2009.

Isler, Romane, Kuster, Valentine, L’instinct maternel dans tous les sens, Genève, 2013.

De Beauvoir, Simone, Le deuxième sexe, Paris, 1986.

Maier, Corinne, No Kid. Quarante raisons de ne pas avoir d’enfant, Genève, 2007.

N. Stern, Daniel & Bruschweiler-Stern, Nadia, La naissance d’une mère, Genève, 1998.

Vallée, Edith, Pas d’enfants, dit-elle, Le refus de la maternité, Paris, 2005 (1978).

Articles/périodiques

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Colombani, Marie-Françoise & Toranian, Valérie, « Elisabeth Badinter: « On nous refait le coup de la mère parfaite! », in Elle, [En ligne http://www.elle.fr/Societe/Les-enquetes/Elisabeth-Badinter-on-nous-refait-le-coup-de-la-mere-parfaite-1146666] (consulté le 25.2.15)

Cosnier, Jacques, « le point de vue de l’ethnologue sur l’instinct maternel et paternel », in: Charvet, Frédéric, Désir d’enfants refus d’enfants, Paris, 1980, p. 63 - 72.

Crignon, Anne, « Une chercheuse américaine répond à Elisabeth Badinter », in: L’OBS, 2010.[En ligne: http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20100212.BIB0253/une-chercheuse-americaine-repond-a-elisabeth-badinter.html] (consulté le 28.3.15)

Desportes, Gaëlle, Quand l’instinct maternel est absent, côté famille, 2009. [En ligne : http://www.cote-momes.com/1er-age-0-3-ans/psychologie/quand-l-instinct-maternel-est-absent-d790.html ] (consulté le 25.10.14).

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Rotman, Charlotte, L’instinct maternel n’existe pas, Libération, 2008. [En ligne : http://www.liberation.fr/instantane/2008/06/26/l-instinct-maternel-n-existe-pas_74977] (consulté le 25.10.14)

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Ulmi, Nic, « Pionnières d’un monde sans genre, mais pas sans sexe », in Le Temps, 2015. [En ligne: http://www.letemps.ch/Page/Uuid/2f0a6b82-b2ef-11e4-b561-84ba1d1afc1c/Pionnières_dun_monde_sans_genre_mais_pas_sans_sexe] (consulté le 3.3.15)

Vallée, Edith, « Les antimères », in Perspectives psychiatriques, n° 68, 1978, p. 329 - 346.

Vallée, Edith, « Les femmes qui ne veulent pas d’enfant », in Cahiers du GRIF, n° 17-18, 1977,

p. 15 - 24.

Walter B., Anne, « Elles ne veulent pas être mères », in: psychologies.com, octobre 2007. [En ligne: http://www.psychologies.com/Famille/Maternite/Desir-d-enfant/Articles-et-Dossiers/Elles-ne-veulent-pas-etre-meres#3] (consulté le 27.3.15)

Audio

Baus, Emma & Farmer, Jacqueline, Il était une fois l’instinct maternel, Saint Thomas production, France, 2007, DVD (55 min).

Hofmann, Bettina & Porte, Jérôme, Specimen, RTS, Suisse, 2012, DVD (61 min).

Emission Sans tabou, « Pas d’enfant, et alors ? », [En ligne: http://www.dailymotion.com/video/xxnsll_sans-tabou-pas-d-enfant-et-alors-childfree_lifestyle](consultée le 28.3.15).

Publicité pour la marque de pâte à tartiner Nutella. Le slogan est le suivant: « Their day. Made by Mom ». [En ligne: http://www.weightymatters.ca/2008/09/are-you-bad-parent.html]

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Demi Moore en couverture du Vanity Fair  d’Aout 1991, enceinte de 7 mois. [En ligne: http://www.vanityfair.com/news/2011/08/demi-moore-201108]

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 « Martine, petite maman ». Bande-dessinée illustrée de la fameuse série « Martine ». [En ligne: http://www.club-martine.fr/album/martine-petite-maman/]

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 Image tirée d’un article de blog intitulé : « Comment tout concilier : vie de femme, d’épouse, de mère et vie professionnelle ? ».  [En ligne: http://www.stresspsychotherapie.fr/comment-tout-concilier-vie-de-femme-depouse-de-mere-et-vie-professionnelle/ ]

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[En ligne: http://www.bd-sanctuary.com/bd-et-toi-quand-est-ce-que-tu-t-y-mets-vol-1-simple-s31193-p181848.html]

[En ligne: http://www.bd-sanctuary.com/bd-et-toi-quand-est-ce-que-tu-t-y-mets-vol-1-simple-s31193-p181848.html]

[En ligne: http://www.fauteusesdetrouble.fr/2011/05/et-toi-quand-est-ce-que-tu-ty-mets-entretien-avec-les-auteurs/]

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[En ligne: http://www.desfillesaretordre.com/commentaires-sur-et-toi-quand-est-ce-que-tu-ty-mets/]

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[En ligne: https://unrulybodies.wordpress.com/2014/11/26/no-children-allowed/]

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Bonjour<br /> Je m'appel NICOLLE . j'ai fait une expérience avec un Marabout Medium<br /> Voyant . Au début ca n'allait plus bien avec mon<br /> Mari, il a décider de divorcé avec moi et ensuite il a commencé une nouvelle<br /> vie avec une autre femme. Avec les problèmes j'ai perdu mon boulot.<br /> J'ai fait la connaissance d'un Marabout Medium Voyant<br /> grâce a une copine sur Facebook. Grâce a cet Marabout Medium Voyant,<br /> Mon Mari est revenu a la maison, j'ai repris mon travail et tout est<br /> rentré dans l'ordre. Vous pouvez contacter ce marabout même les cas<br /> les plus désespère : Amour, contre accident, protection contre les ennemies et les<br /> mauvais sorts, guérit l’impuissance; fidélité absolue (affection retrouvé) ; Aide pour des personnes<br /> ayant des problèmes avec la justice; La valise magique ,jeux de hasard (LOTO, PMU, CASINO, GRATTAGE, ect …).<br /> portefeuille magique . Ce marabout est une solution adaptée a vos problèmes.<br /> Voici: Email : maraboutsouley@outlook.fr<br /> Tel: +229 9954 1801 ou +229 6740 3631 Ou sur son Whatsapp: :+229 6912 2390.<br /> Merci de me faire confiance et au grand maître papa SOULEY.
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Jay, good point on number seven.
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Bonjour a tous<br /> <br /> Je me nomme Adriane ,suite au problème vue sur le site je viens pour intervenir et faire <br /> comprendre a toute personne ayant été déçue comme moi que rien est encore tard .<br /> Car quand on veux on peu , après un moment de déception avec mon ex qui est <br /> actuellement redevenu l’Élu de mon cœur j'ai du faire appelle a une maître marabout vaudou qui a vraiment fait un miracle <br /> dans ma vie .Il m'a permis de retrouver la paix du cœur en faisant revenir l'homme que j'ai toujours aimer .<br /> Alors ne guise de remerciement je voudrais lui rendre hommage et conseiller a toute personne ayant de problème a bien <br /> vouloir faire recours a ce homme car il est vraiment un envoyer pour résoudre tout genre de problème .<br /> <br /> Je remercie ce PAPA ALI MARABOUT qui a faire de moi la femme la plus heureuse du monde,<br /> tout ce qui ont des probleme comme moi je vous conseil de contacter ce mr qui fera des miracles dans votre vie.<br /> <br /> Son mail : ali.marabout@live.fr Ou alimarabout@live.fr<br /> <br /> NB : PAPA ALI A AUSSI DES RITUELS POUR GUÉRIR AUSSI UN MALADIE<br /> <br /> Merci et bonne chance a vous
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