L'Alexandre le Grand de Giulio Romano
Giulio Romano est un peintre de la Renaissance ayant vécu entre 1499 et 1546. Le tableau que j'analyserai aujourd'hui a été réalisé en 1537-1538. Cette huile sur bois représente Alexandre le Grand sur environ 1 m de largeur et 1,5 m de hauteur. Cette oeuvre a été amenée au Dépot de la République, à Genève, en 1974.
Cette peinture traite une scène historique. Alexandre le Grand est en habits de soldat tenant ne statue et le bâton de commandement. Il porte une épée à la taille.
Cette oeuvre a été réalisée sur un grand support permettant de représenter le sujet de prêt. L'artiste a voulu représenter la puissance du personnage en le monumentalisant. Giulio Romano crée une légère contre-plongée. Le spectateur est extérieur au tableau, car le personnage est beaucoup trop grand par rapport à la taille réelle. L'artiste cherche à accentuer cette puissance par l'angle de vue.
Le centre d'intérêt du tableau est la puissance qui se dégage d'Alexandre le Grand. Le regard circule et part depuis la tête du personnage pour aller aux épaules, ensuite le coude, le bras, le bâton et la statuette.
Les lignes de forces sont les obliques et les verticales ce qui accentue la dureté, la sévérité et la puissance d'Alexandre le Grand. Le personnage est encadré par un triangle, ce qui est souvent le cas dans les thèmes historiques représentant la puissance d'un souverain, un dieu ou quelconque personne importante.
Il y a un certain dynamisme dans cette oeuvre grâce au vent qui s'engouffre dans la fourrure portée sur les épaules et le mouvement du bras tenant le bâton évite toute staticité. Le vent vient depuis la droite et la tête d'Alexandre le Grand est aussi tournée en cette direction. Ce mouvement de la tête vers la droite, hors du tableau, est un élément nous permettant de penser que cet homme important cherche un autre endroit à conquérir.
Le tableau est par contre plus plein à droite (arbre, drapé) qu'à gauche (statuette et bâton) créant ainsi un léger déséquilibre.
L'espace tridimensionnel est créé par l'arbre et les feuilles de celui-ci dans le fond et les drapés des habits d'Alexandre le Grand. La profondeur est suggérée par le traitement de la couleur et de la lumière (ombres des drapés, feuilles, ombres). Nous avons l'impression qu'il y a un paysage à cause du fond bleu qui contient certaines variations de lumière.
La lumière vient de droite, mais la source n'est pas visible. Nous pouvons apercevoir une séparation au centre du tableau (de manière verticale) sur les parties illuminées comme le visage, une partie du casque, le cou, l'épaule, le bras droit et la moitié de l'avant-bras droit. Le fond de la partie droite est lui aussi illuminé.
Les couleurs chaudes (doré, rose, orange, rouge, brun) sont plus nombreuses que les froides (ver, bleu, blanc). Il n'y a pas d'effet de clair-obscur et la lumière est assez douce et naturelle comme celle d'une scène diurne.
La lumière venant de droite illustre le mouvement de la tête tournée. Ces deux éléments peuvent représenter une future conquête.
Les couleurs secondaires sont très nuancées, vives et légèrement pâles, mais les couleurs du visage sont plutôt tendres.
Il y a un contraste entre les couleurs chaudes et froides.
Ces couleurs sont réalistes et assez symboliques comme le doré et le bleu foncé qui sont des couleurs nobles et donc de pouvoir.
Les couleurs douces s'opposent aux traits assez dur du personnage, mais plusieurs couleurs symbolisent la puissance et le pouvoir.
Le tracé est visible, les contours sont nets, sauf sur les doigts qui sont suggérés par des ombres. Les lignes sont plutôt droites et courbes. Le personnage et les objets sont délimités par contiguïté avec d'autres couleurs, mais délimités par le noir quand l'ombre est très forte.
Nous n'avons pas de trace de pinceau visible et la peinture est "léchée" (lisse). Le peintre a créé des effets de transparence sur la peau et la partie rose de son habit, mais il n'y a pas d'effets de matière. Cette touche lisse était très utilisée à la Renaissance pour avoir l'impression que le personnage soit réel.
L'artiste a voulu représenter un symbole de puissance par le bâton de commandement, la statuette, la posture, le regard dur, la lumière qui vient de droite, les habits et les couleurs nobles et pour finir par la légère contre-plongée et la taille du personnage représente cette force. Le spectateur de cette manière se sent petit par rapport à Alexandre le Grand.